mercredi 16 février 2011

Le fabuleux Boneyard d'Agnes Jones


   On trouve dans le numéro 27 de la revue Gazogène (l’International des Rocailleurs) la reproduction en noir et blanc de cartes décrivant le jardin de sculptures d’os d’Agnès Jones. A l’époque les informations sur cet endroit étaient quasi inexistantes. Huit ans plus tard certains voiles se sont levés permettant d’en savoir un peu plus. Je ne résiste donc pas à ressortir ces magnifiques cartes colorisées, datées respectivement de 1908 et 1914. J’ai retrouvé et traduit deux précieux témoignages de visiteurs se complétant l'un et l'autre.

Agnes Jones. Lake City, Floride. D.R. - Coll. JMC
«Agnès Jones, ancienne esclave, connue également sous le nom de Tante Aggie a développé dans le secteur de Lake City en Floride un curieux jardin qu’elle appellait The Boneyard. Cet endroit était assez populaire, accueillit de nombreux visiteurs entre 1900 et 1918. Un ensemble fabuleux de sculptures monumentales en os d’animaux assemblés avec du fil de fer. Certaines structures formaient de véritables arcades surplombant le chemin de sable blanc qui menait du portail jusqu’à sa demeure. L’intérieur de sa maison ressemblait à un petit musée d’histoire naturelle. En effet, elle y conservait des serpents en bocaux ou des squelettes d'alligators suspendus dans le vestibule. Elle s’empressait de préciser à ses visiteurs qu’aucun os humain n’avait servi dans l’élaboration de ces assemblages. Sur place, il était possible d’acheter des fleurs ou quelque chose à manger. On pouvait également se faire dire la Bonne Aventure ou écouter Agnes Jones raconter ses souvenirs ou réciter un verset de le Bible sous le regard inquiet mais admiratif des enfants devant l'étrange beauté du lieu.»     
(Ronald Bruckbauer - RoadsideAmerica)

Agnes Jones sous son arche d'os. Lake City, Floride. D.R. Coll. JMC
   Ce deuxième texte est assez insolite puisque selon la source, il a été rédigé par le visiteur directement au dos d’un jeu de ces trois cartes postales.
«Agnes Jones est une vieille femme qui vit sur place depuis fort longtemps. Elle arpente les bois et rassemble les os de toute sorte d’animaux. Des os de cerfs, de vaches ou de chevaux etc. Je crois que si elle avait pu trouver des os humains elle les aurait utilisés. Son habitation est également très étrange et troublante. En tout cas elle est très fière de montrer son jardin de sculptures et ses environs. Il est situé en bordure du lac Desoto. Elle vit seule et je crois qu’elle a bien du mal à estimer son âge. Elle est malgré tout assez vive et loquace, particulièrement si vous lui donnez la pièce. Elle vous racontera sa jeunesse et ses histoires d’amour ou bien vous parlera du temps où son clan vivait et circulait dans la région. Lorsqu’on lui pose la question, elle renonce à expliquer pourquoi vit-elle comme une ermite à l'écart de la société ; on sent bien chez cette femme, la blessure sous-jacente du passé...»   (Anonyme)

Agnes Jones dans l'allée centrale. Lake City, Floride. D.R. Coll. JMC
The Boneyard fut hélas démonté et rasé pour faire place à la construction d’un lycée 1918, année du décès d'Agnes Jones.
Agnes Jones sous son  arche d'os. Lake City, Floride. D.R.   Coll. JMC
Agnes Jones's Boneyard. Lake City, Floride. D.R.

Agnes Jones's Boneyard. Lake City, Floride. D.R.



mardi 15 février 2011

Henry Brifaut

   On m’a récemment transmis un lien qui présente le Château de Callian (Var) restauré et décoré de 500 sculptures par un certain Henry Brifaut décrit comme sculpteur autodidacte.
Une navigation claire pour un site Internet bilingue assez «stylé» laissant toutefois sourdre une communication façon  dépliant touristique qui met  l’accent sur l’aspect totalement inédit du lieu... Annoncée comme un événement, l’ouverture du château et de son jardin de sculptures est prévue en juin 2011. Un véritable «buzz» avec tarifs, visite guidée etc... On imagine le parking en contrebas. L’auteur (bombardé bâtisseur de l’imaginaire...) de cet endroit pré-muséifié est présenté ainsi :
«Henry Brifaut est né à Bruxelles en 1905. Jeune, il rêve d’être sculpteur. Issu d’une famille bourgeoise, ses aspirations artistiques sont vite découragées par son père qui n’envisage pas cette voie pour son fils. En 1958, il découvre les ruines du château de Callian, abandonnées depuis plus de 170 ans. Son amour de l’histoire et sa passion pour les vieilles pierres le poussent à les acheter en 1966. À l’âge de 61 ans, il relève le pari audacieux de faire renaître le château de ses ruines. Onze années de travail titanesque rendent à l’édifice son allure médiévale réalisant également de façon autodidacte plus de 500 sculptures, gargouilles, moulures etc... »

   On peut effectivement saluer la foi et l’energie qu’il aura fallu pour réaliser ce rêve et si les pierres sculptées présentées à l’écran refletent un imaginaire riche et nourri de références éclairées, il faudra bien évidemment juger sur place. On imagine déjà cette bâtisse rejoindre directement les futurs guides et autres inventaires tentaculaires de lieux inspirés.

mercredi 9 février 2011

La French Touch(e) à New-York

La  galerie Impaire et le Creative Growth Art Center d'Oakland seront présents les 11, 12 et 13 février sur le stand 11 de l'Outsider Art Fair de New-York. L'occasion pour Gaela Fernandez d'y montrer ses poulains de la French Touch(e), une expo qu'elle avait organisée en étroite collaboration avec Jean-Christophe Philippi courant mars 2010 à Paris. Seront donc exposés : Pierre  ALBASSER, Gustave CAHOREAU, Patrick CHAPELIERE, Jean-Michel CHESNE, Jill GALLIENI, Jean-Paul HENRY, Alain PAUZIE, Jean-Christophe PHILIPPI, Yvonne ROBERT, Gérard SENDREY. Gageons que les américains amateurs d'art auront un œil bienveillant sur nos travaux....



vendredi 4 février 2011

Captain Beefheart & His Magic Band



   Y’a pas que l’art populaire dans la vie, heureusement ... Un peu de musique pour changer d’autant que le mois dernier un de mes héros est mort. Je veux parler de Don Van Vliet allias Captain Beefheart. Hurleur de tripes sur les traces de Howlin’ Wolf est l’un des musiciens de la pop américaine les plus originaux de sa génération. Copain d’adolescence et vieux complice de Frank Zappa il a produit dès la fin des années 60  avec son groupe "Magic Band" une musique déroutante par son aspect déconstruit, expérimental et révolutionnaire et donc completement outsider à l'époque. J’ai eu la chance de le voir à Paris en 1978 (ça nous rajeunit pas) sous un affreux chapiteau quelquepart à la Courneuve ou à la Porte de Pantin. Concert organisé à l’occasion d’une fête du PSU... Je crois qu’il y avait également the Daevid Allen New York Gong... sacré programme. Je mets trois vidéos qui retracent chronologiquement l'inspiration «blues déglingué» du Captain. Il paraît que c’était aussi un bon peintre. A noter enfin que l'excellente émission Songs of Praise d'Aligre FM a consacré toute l'heure à Beefheart le 3 janvier dernier. Emission téléchargeable et écoutable sur ce lien.


Diddy Wah Diddy est un standard de Bo Diddley maintes fois repris par de nombreux groupes.



Une curiosité puisque ce concert a lieu sur la plage de Cannes le 27 janvier 1968.



La version live de Click Clack. Je crois pouvoir dire sans trop me tromper qu'on aperçoit Roy Estrada à la basse et Art Tripp aux percussions (tous deux respectivement ex bassiste et batteur de Frank Zappa & The Mothers of Invention). Du pur free blues déjanté, du bon gros tatapoum. Torride !

mardi 1 février 2011

La Tour Eiffel à Malakoff

Robert Doisneau. Raymond Fasquelle et la tête de taureau, 1953. D.R.

   J’ai rencontré Charles Soubeyran l’été dernier dans les contrées lotoises de J. F. Maurice. Tous trois nous avons effectué quelques brutes virées. Nous avons notamment rendu visite à Martial Besse. Je parlerai de cette journée dans une très prochaine note. En attendant j’ai refeuilleté l’ouvrage de C. Soubeyran sorti en 2004 aux éditions Le temps qu’il fait : «Les révoltés du Merveilleux». Un parcours iconographique comparé entre Robert Doisneau et Gilles Ehrmann. Tous deux ayant promené la pellicule chez quelques créateurs populaires. C’est ainsi que je suis retombé sur un cliché pris à Malakoff, ma ville d’adoption depuis 25 ans. Il s’agit d’une photo de 1953 montrant Raymond Fasquelle à côté d’une tête de taureau recouverte de mosaïque. On ne sait rien de cet homme. On devine qu’il était maçon peut-être carreleur. En tout cas il existe une vue plus large de la cour de son pavillon qui montre une Tour Eiffel, et un grand transatlantique. J’ai facilement retrouvé la trace de cette seconde photo. Quelques recherches succintes n’ont pour l’instant rien donné mais s’il est possible que certains objets aient disparu, je ne désespère pas de retrouver l’adresse de cet endroit.

 
Robert Doisneau. Raymond Fasquelle à Malakoff, 1953. D.R.